Montaine la Sainte
Dès la Toussaint faisait froid déjà des frimas mordants
Tout gelait de haut en bas les loups rôdaient menaçants
L’hiver s’annonçait bien rude pour les pauvres Solognots
Mais ils avaient l’habitude et savaient garder le chaud
Il y avait une orpheline placée dans une métairie
Pas bien épaisse pauvre gamine pourtant ma foi fort jolie
Conditions d’vie incertaines tant de fatigue de corvées
Portant le nom de Montaine elle était prédestinée
A la source chaque jour s’en allait chercher de l’eau
Une eau pure à chaque tour près du lieu dit des Chesneaux
Au quotidien volontaire à la fontaine se rendait
Remplir une cruche en terre lourde et pleine la ramenait
Par malchance a trébuché dans des ronces sur le chemin
Mon Dieu la cruche s’est brisée malheur ne restait plus rien
Montaine rentra les mains vides redoutant la méchanc’té
De sa patronne si rigide qui ne faisait que pester
Tu as cassé mon cruchon un miracle il te faudra
Je veux d’l’eau à la maison gare à toi s’il n’y’en n’a pas
Lui cria comme une furie on peut dire une forcenée
Avec tell’ment de mépris t’as qu’à prendre ce panier
La jeune fille s’en est allée s’en r’tourner à la fontaine
Elle y’a plongé le panier dans l’eau claire malgré sa peine
La patronne n’en crut ses yeux le panier a tenu l’eau
Un miracle a bien eu lieu près d’la source des Chesneaux
Notre pauvrette en haillons ne vécut plus sous contraintes
Reconnue dans la région elle devint même une Sainte
De partout les gens venaient pour voir Montaine l’approcher
Des miracles en demandaient plus qu’elle n’en pouvait donner
Avec le temps les Chesneaux devinrent un lieu d’pél’rinage
On y v’nait pour boire son eau de très loin on f’sait l’voyage
Pour les femmes en mal d’enfant ou pour celles qui en f’saient trop
Sainte Montaine a donné tant pour les fièvres et tous les maux